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Faulkner à la folie
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4 mai 2011

Absalon, Absalon!

"On laisse si peu de trace, voyez-vous. On naît, on essaye ceci ou cela mais on ne sait pas pourquoi on continue de l’essayer; on naît en même temps qu’un tas d’autres gens, absolument embrouillé avec eux, comme si on était forcé, comme si on était obligé de faire mouvoir avec des ficelles ses bras et ses jambes, mais que les mêmes ficelles fussent attachées à tous les autres bras, à toutes les autres jambes, à tous les autres qui essayent également mais ne savent pas non plus pourquoi, si ce n’est que toutes les ficelles s’entrecroisent, comme si cinq ou six personnes essayaient de tisser un tapis sur le même métier, mais que chacune d’elle voulût tisser sur le tapis son propre dessin; et cela ne peut pas avoir d’importance, vous le savez, ou bien Ceux qui ont installé le métier à tisser auraient un peu mieux arrangé les choses, et pourtant cela doit avoir de l’importance, puisque l’on continue à essayer, ou que l’on est obligé de continuer, et puis, tout à coup, tout est fini et tout ce qui vous reste c’est un bloc de pierre avec quelque chose de griffonné dessus, en admettant qu’il y ait quelqu’un qui se souvienne ou qui ait le temps de faire ériger un monument et d’y faire graver quelque chose, et il pleut dessus, le soleil brille dessus, et, au bout d’un peu de temps, on ne se rappelle plus ni le nom ni ce que les choses gravées tentent de raconter, et cela n’a pas d’importance."

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