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Faulkner à la folie
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4 mai 2011

Tandis que j'agonise

"Quand il voit que Jewel va pouvoir le toucher, le cheval se cabre et se laisse retomber sur Jewel. Alors Jewel se trouve enfermé dans un dédale étincelant de sabots qui lui font comme des ailes illusoires. Avec la souplesse fulgurante d'un serpent, il se glisse le long du poitrail cabré. Pendant un instant, avant que la secousse se communique à ses bras, son corps se trouve dégagé de tout contact avec la terre. Horizontal, il cingle, souple comme un serpent, jusqu'à ce qu'il parvienne à saisir les naseaux du cheval. Alors, il reprend contact avec la terre, et ils restent là, tous les deux, rigides, immobiles, effrayants, le cheval, tête basse, arc-bouté sur ses pattes raidies et frémissantes, Jewel, les talons fichés en terre, coupant d'une main la respiration du cheval, de l'autre lui caressant l'encolure à petits coups multiples et affectueux, tout en lui lançant de féroces obscénités.

Ils sont là, debout, hiatus effrayant et rigide. Le cheval tremble et renâcle. Et voilà Jewel sur le dos du cheval. Le corps soudé au cheval, il boudit dans l'espace en une trajectoire tourbillonante comme la mèche d'un fouet. Pendant un instant encore, le cheval reste piqué, tête basse, pattes écartées, avant de s'élancer. Ils dégringolent la colline en bonds désordonnés, Jewel collé au garrot comme une sangsue. Arrivé à la barrière, le cheval s'arrête, arc-bouté, trépidant."

Darl

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